“République” Islamique : la haine et la peur en IranTraduit de l’anglais par Sandra Ores

 

Par Nir Boms et Shayan Arya

 

Il semble que l’Iran possède sa propre version des gags du 1er avril. C’est le 1er avril dernier, en effet, que le régime islamique a commémoré le référendum qui a consacré la prise du pouvoir par les khomeynistes, il y a 32 ans de cela.

En 1979, un référendum s’est effectivement déroulé, même s’il semble clair que très peu d’Iraniens étaient, en cette occasion, conscients du sujet sur lequel ils se prononçaient. Trente-deux ans plus tard, le doute n’existe plus quant à la nature d’un régime islamique, mais on ne voit nul signe avant-coureur, à l’horizon, d’un nouveau référendum qui pourrait infirmer le précédent.

Pendant 32 ans, en effet, c’est le langage de la haine, de l’intimidation et de la peur qui a remplacé celui des urnes. Reste qu’en Iran, comme dans d’autres lieux du Moyen-Orient, lorsqu’exprimer sa volonté par un vote devient impossible, on trouve des voies différentes pour la faire entendre.

 

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Ils n’ont pas réussi à tout couvrir…

La République de la terreur est omniprésente en Iran, et elle est suffisamment “sainte”, pour atteindre tous les recoins. M. Mir Ismaïl Moussavi, le père de Mir Hussein Moussavi, l’un des chefs de file réformistes et leader du mouvement vert, est décédé récemment, à l’âge respectable de 103 ans. Notre camarade Mehrtash Rastegar a déjà communiqué sur ce sujet.

Ce qu’il faut ajouter au commentaire de Rastegar est que les funérailles devinrent une occasion pour le régime de punir le fils célèbre, qui se trouve en résidence surveillée avec sa famille. En fait, la dépouille d’Ismaïl Moussavi fut enlevée à sa famille de force, par des barbouzes, sur le chemin du cimetière ; les membres du convoi funéraire qui protestèrent furent sévèrement battus.

Mir Ismaïl Moussavi était pourtant cousin et collègue du Guide suprême du régime, l’ayatollah Khamenei, mais il semble, qu’en cette période agitée, on ne fasse que peu de cas de la parenté.

Ca ne fut d’ailleurs pas la première fois que le régime islamique dérobait le corps de l’un de ses opposants au cours d’une cérémonie funèbre. En 2001, le cadavre du Grand Ayatollah Shirazi – lui aussi, un détracteur connu du système – fut volé par des agents en civils lors des obsèques et enseveli en secret. Les membres de la famille et les participants au cortège qui osèrent élever une protestation furent également frappés et persécutés.

 

En 1989, dans un cas très connu et documenté, près de 10 00 prisonniers politiques furent sommairement exécutés et enterrés dans des fosses communes. Les familles et les proches des victimes de cet assassinat collectif ont fréquemment été tourmentés, et ce, jusqu’à ce jour.

 

Et comme si ces accablements ne suffisaient pas, les fosses communes de ceux qu’ils aimaient, à Khavaran, furent “nettoyées” à l’excavateur pour faire place à un parc d’attractions.

Le cas de M. Mohsen Dogmehchi, un détenu politique qui souffrait du cancer, est moins connu. M. Dogmehchi est mort en prison alors que les autorités du régime islamique avaient refusé de lui permettre de suivre un traitement approprié. Dogmehchi purgeait une peine de dix ans, pour “avoir accordé son aide à des familles de prisonniers politiques”.

Il est difficile de cerner en quoi le fait d’aider des familles de personnes incarcérées – un acte admirable de charité selon tous les standards – devrait être punissable d’emprisonnement, et qu’il faille dénier à son auteur le droit à être médicalisé. L’unique explication plausible est, qu’aux yeux de la théocratie islamique, même les familles innocentes de ses détracteurs doivent souffrir afin d’expier les crimes allégués de leurs proches.

Durant les dernières trente-deux années, un nombre incalculable d’opposants au régime islamique ont été emprisonnés, torturés et tués. Dans tous ces cas, les familles et les proches des victimes persistent à demeurer des proies silencieuses de la cruauté de la “République” Islamique. Ils ont été et restent systématiquement soumis à divers degrés de punitions, financières, physiques et psychologiques.

Voltaire affirmait que “La crainte suit le crime, et (que) c’est son châtiment” (in Sémiramis, 1748), or la junte théocratique perse semble vivre dans un état d’angoisse perpétuelle ; peur de ses détracteurs, crainte de leurs familles, et peur de tout et de tous ceux qui ne se conforment pas à son image.

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