Voilà plus de trois ans que la Syrie est plongée dans un bain de sang. Un tiers de sa population a pris le chemin de l’exil ; la moitié de ses infrastructures ont été anéanties. Ce chaos renforce les craintes sécuritaires d’Israël, partagé entre son hostilité envers le régime de Damas et sa crainte de voir des groupes djihadistes prendre le pouvoir à ses frontières.
par Nir Boms et Asaf Hazani, mai 2014
Ce ne sont pas les termes qui manquent, dans le répertoire israélien, pour désigner les événements qui agitent le monde arabe depuis quelques années. Ils reflètent la manière dont les divers acteurs perçoivent ces changements. Ainsi, le « printemps arabe » des premiers jours est devenu au fil des mois un dangereux « hiver islamiste radical », puis, devant l’incapacité persistante des dirigeants du pays à définir la nature même des transformations en cours, un « bouleversement proche-oriental ». Pour finir, la propension à osciller entre optimisme et pessimisme s’est muée en profonde perplexité.
Impressionné par l’effet domino qu’a provoqué l’immolation de Mohamed Bouazizi en Tunisie, Israël a d’abord vu dans les protestations « là-bas », loin de ses frontières, une expérience sociologique fascinante. Il est en effet convaincu de constituer une entité distincte, un cas à part au Proche-Orient. L’ancien premier ministre (1999-2001) et ministre de la défense (2007-2013) Ehoud Barak considérait son pays comme une « villa au milieu de la jungle ». Et, pour l’establishment, le « mouvement des tentes » de 2011. aventure d’un été plutôt inspirée des mouvements européens et américains (les « indignés », Occuper Wall Street), traduisait davantage un mécontentement social qu’une contagion des turbulences régionales.
Au départ, Israël, prudent, a préféré rester en retrait. Si le « printemps arabe » faisait régulièrement les gros titres des médias, les changements en Arabie saoudite, au Yémen et à Bahreïn étaient totalement passés sous silence, car ils ne concernaient pas directement la sécurité de l’Etat hébreu.
Mieux vaut un ennemi que l’on connaît déjà
Néanmoins, les effets des bouleversements régionaux ont commencé à se faire sentir, contraignant les dirigeants à admettre que les révoltes arabes pouvaient affecter les intérêts nationaux. Ils se sont inquiétés de voir les armes détenues avant 2011 par Mouammar Kadhafi en Libye passer aux mains d’éléments terroristes opérant sans contrôle près de leurs frontières. Des attentats ont été (…)
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